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Une retraite digne, un point c’est tout

Le 3 mars 2024 il nous est soumis deux initiatives qui contiennent une vision totalement différente de la retraite. La première propose une 13e rente AVS constatant que le pouvoir d’achat lié à la rente AVS n’a cessé de s’éroder ces dernières années. La deuxième impose de passer l’âge de la retraite à 66 ans, puis à le faire évoluer mécaniquement en fonction de l’espérance de vie. 

L’initiative lancée par les jeunes PLR, constitue un affront inutile à celles et ceux qui triment. 

Cette dernière initiative, lancée par les jeunes PLR, constitue un affront inutile à celles et ceux qui triment. Elle part du postulat que l’âge est la seule variable à prendre en compte pour financer l’AVS, à l’exception de tout apport supplémentaire. Elle imagine ensuite que travailler plus longtemps est toujours possible ! Mais 40 ans sur un chantier, c’est 40 ans d’épuisement ! Une année de plus ou de moins, ça compte beaucoup. Et là où cette initiative n’a pas de sens, c’est que l’AVS se porte bien, et même très bien. Elle fait du bénéfice et augmente chaque année ses réserves. Les initiants se fondent sur des projections fantaisistes à très long termes. Si leur visée n’était pas aussi mortifère, cela ferait sourire quand on se rappelle que Pascal Couchepin déjà au début des années 2000 annonçait la faillite de l’AVS (qui ne s’est jamais aussi bien portée). Et ne nous leurrons pas : si cette initiative avait été adoptée il y a 50 ans, l’âge de la retraite serait aujourd’hui de…71 ans ! 

si cette initiative avait été adoptée il y a 50 ans, l’âge de la retraite serait aujourd’hui de…71 ans ! 

L’initiative pour une 13e rente s’impose en revanche de manière évidente. Celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie pour construire notre pays doivent pouvoir passer leur retraite correctement et la treizième rente le permettrait. Il n’y aurait rien de somptuaire à cela, mais uniquement recevoir de quoi vivre et compenser l’explosion des coûts de la vie ces dernières années. Et c’est parfaitement finançable : par exemple en augmentant de 0.4% la contribution de l’employeur et de l’employé. Pour un salaire de CHF 6000.-, cela représente à 24.- par mois. Et à la retraite, cette contribution permet d’améliorer la rente de 186.- par mois !

Celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie pour construire notre pays doivent pouvoir passer leur retraite correctement et la treizième rente le permettrait

Le 3 mars, deux visions très divergentes de la Suisse s’oppose: celle du PLR et de L’UDC qui veulent affaiblir l’AVS et faire reposer un « sauvetage » inutile sur le dos de celles et ceux qui font ce pays. Aux antipodes, la gauche et les syndicats proposent d’assurer une vraie vie après la vie professionnelle. Que celle-ci soit simple et modeste, mais qu’elle ne soit pas uniquement des privations. C’est la moindre des choses que notre pays puisse faire à l’égard de celles et ceux qui l’on construit et l’on fait prospérer. C’est une question de dignité. 

Baptiste Hurni, Conseiller aux Etats (PS/NE)